Les emballages réutilisables, quel impact ?

Un pot en plastique pollue beaucoup moins !?
Les sources ne concordent pas tout de suite, et le nombre de 15 n'apparaît pas partout. Le verre a un impact CO2 terrifiant, mais si on inclut les autres paramètres écologiques, le plastique n'est que 2 à 4 fois moins polluant que le verre.
En tant que consommateurs, on a donc le choix entre la peste et le choléra.
On en vient à se demander à quel moment l'humanité est devenue trop molle pour remettre du miel dans un pot après l'avoir lavé.
C'est d'abord l'étude ADEME (2018) qui pèse en faveur du réemploi : le recyclage du verre est terriblement énergivore. C'est d'autant plus navrant que tous, producteurs, distributeurs et consommateurs, pensons bien faire en choisissant un emballage neutre, transparent, dont on nous dit qu'il est 100% recyclé.
Ce "100%" est très discutable : une partie du verre n'est pas trié, et un pourcentage variable (40-60 %) du verre neuf est encore composé matières premières (ce qui veut dire que, à production constante, une partie du flux de recyclage est forcément perdu).
Mais surtout, pour recycler le verre, on doit le fondre à 1500°C pendant... 24 heures !! A titre de comparaison, un lave-vaisselle professionnel le rincera à 70°C puis 90°C pendant... Quelques minutes.

On estime qu'un contenant en verre réutilisable émet 80% de CO2 en moins qu'un contenant en verre recyclé (en-dessous de 200 km entre le lieu de consommation et la laveuse).
Une autre étude (NADA, 2021) établit un ratio similaire pour les bocaux, en comparant aussi le plastique PET, les sachets PP et les emballages en carton aux bocaux réutilisables.


En observant les différents emballages jetables sur le marché, on découvre effectivement que beaucoup d'entre eux se donnent des apparences écologiques et biodégradables alors qu'il n'est nulle part question des circuits de collecte et de compostage qui assureront leur retour au sol.
En fait, ces emballages dits "compostables" sont, dans le meilleur des cas, incinérés ; et lorsqu'ils finissent dans l'océan, leur revêtement imperméable (même s'il est parfois d'origine organique et non fossile) leur empêche de se dégrader complètement.
Il est alors ingéré par la faune marine, que cela met en danger.
Et en plus, ces emballages coûtent très cher !
Le plastique monomatériau constitue une alternative à cette fausse solution. Mais même s'il est de mieux en mieux trié par les consommateurs, est encore très mal recyclé : il y a de très gros trous dans la passoire.
Le greenwashing de l'industrie des emballages jetables dévoile petit à petit sa face : M. & Mme Recyclage (2021), le témoignage de La Boucle Verte (2023), ConsomAction (2024).
Soutenue par les pouvoirs publics, l'Empoteuse met en place des solutions plus pérennes pour les restaurants, ainsi que pour quelques transformateurs alimentaires pour qui les emballages en verre réutilisable sont pertinents.
La plupart des emballages sont nettoyés directement sur le lieu de consommation, résultant en une empreinte carbone similaire à de la vaisselle de restaurant.
Pourquoi le modèle de la consigne monétaire ?
Après avoir discuté avec de nombreux clients professionnels de l'usage des consignes à QR code, nous n'avons pas trouvé notre clientèle, et rejoignons l'opinion de Recycling Netwerk Benelux (2023) : la consigne numérique est une impasse.
Nous avons conçu un système de consigne monétaire qui apporte un réel gain de rentabilité aux clients qui réemploient les emballages ; une fois qu'ils sont équipés, ils ne nous doivent plus rien.
Et les modèles de réemploi non standardisés ?
On parle de producteurs qui mettent sur le marché leurs propres emballages et les nettoient eux-mêmes ou à l'aide de partenaires (par exemple la Bocalerie de la Fabrique Circuit Court, Bring Back, ou APRE Services).
Bien sûr, cela peut fonctionner lorsqu'une certaine échelle est atteinte, mais les boucles de retour restent ultra-locales et demandent un investissement personnel de chaque utilisateur (revendeur et particuliers) pour identifier les emballages de chaque confiture, chaque jus de pomme, chaque miel de leur zone géographique.
Nous espérons que les gammes de bocaux et bouteilles standardisées que nous avons mis sur le marché depuis 2020 pourront progressivement couvrir tous les besoins alimentaires.
Bibliographie
Commission européenne. Une nouvelle approche pour l’utilisation des matières plastiques. Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne, 2018.
(Brochure de vulgarisation sur la stratégie européenne pour les plastiques.)
Deloitte Développement Durable. Analyse du cycle de vie de dispositifs (BtoC) de réemploi ou réutilisation d’emballages ménagers en verre. Rapport réalisé pour l’ADEME, 291 p., Angers : ADEME, 2018.
Bruxelles Environnement. Analyse environnementale des contenants jetables et réutilisables. Info-fiche Zéro Déchet, Bruxelles : Bruxelles Environnement.
(Document de 3 pages, 2020)
NADA. Analyse du cycle de vie (ACV) du bocal en verre réemployable comparée aux emballages à usage unique de la grande distribution. Étude BeCircular 2021, Bruxelles : NADA, 2021.
Méthodologie fondée sur l’outil CO₂ Impact du KIDV (Kennisinstituut Duurzaam Verpakken).
GRACE Communications Foundation. The FoodPrint of Food Packaging. New York : FoodPrint, 2021.
Zero Waste Europe & Reloop Platform. Reusable vs Single-Use Packaging: A Review of Environmental Impact. Bruxelles : Zero Waste Europe / Reloop, 2021.
Rapport technique comparatif basé sur la littérature LCA internationale.
M. & Mme Recyclage. Guide Nourrir : vers une restauration sans plastique jeté. Paris : M. & Mme Recyclage, 2021.
Guide professionnel à destination du secteur de la restauration, co-imaginé avec le Réseau Consigne.
La Boucle Verte. Rapport de fin d’activité. 2023.
(Document interne de clôture d’activité d’une start-up de l’économie circulaire.)
InOff Plastic. 1st European Reuse Barometer – 2023 Assessment of the current reusable packaging landscape in Europe.
En collaboration avec Zero Waste Europe, New ERA et Planet Reuse. Financé par InOff Plastic, 2023.
Recycling Netwerk Benelux (RNB), en collaboration avec Eunomia. Nouvelle étude : la consigne numérique est une impasse. Communiqué et rapport technique, 16 octobre 2023.
Utrecht : Eunomia pour Recycling Netwerk Benelux.
Consulter dans notre bibliothèque
Lhotellier, J., Jeuniaux, R., Le Bihan, M., & De Caevel, B. (RDC Environment), avec la collaboration d’Elisa Jemmet (ADEME). Évaluation environnementale de la consigne pour réemploi d’emballages en verre – Volet A. Angers : ADEME, 2023. 282 p.
Numéro de contrat : 2022AC000041.
ConsomAction. Les 4 mythes d’éco-blanchiment du secteur de l’usage unique. 2024.
Document trilingue (EN/FR/NL) publié par ConsomAction, s’appuyant sur des études du JRC, de Zero Waste Europe et d’autres organismes européens.
