Les explications en vidéos

​Pourquoi l'Empoteuse ?

Manque de pot ?

Impact écologique

La consigne relève de nombreux défis à la fois : environnementaux mais aussi sociaux et économiques. 

Consultez par exemple cette étude très complète de Zero Waste Europe (2020)

Mettons les bulles à verre à la diète

J'ai commencé à m'intéresser au verre réutilisable, quelques mois après ma transition de réduction des déchets, quand j'ai appris, effarée, qu'un pot en verre polluait jusque 15 fois plus qu'un pot en plastique bien recyclé. 

Eh oui : le recyclage du verre est terriblement énergivore. C'est d'autant plus navrant que tous, producteurs, distributeurs et consommateurs, pensons bien faire en choisissant un emballage neutre, transparent, dont on nous dit qu'il est 100% recyclé. 

Ce "100%" est très discutable : une partie du verre n'est pas trié, et un pourcentage variable du verre neuf est encore composé matières premières (ce qui veut dire que, à production constante, une partie du flux de recyclage est forcément perdu). Mais surtout, pour recycler le verre, on doit le fondre à 1500°C pendant... 24 heures !! A titre de comparaison, un lave-vaisselle professionnel le rincera à 70°C puis 90°C pendant... Quelques minutes. 

On estime qu'un contenant en verre réutilisable émet 80% de CO2 en moins qu'un contenant en verre recyclé (en-dessous de 200 km entre le lieu de consommation et la laveuse). Cette Analyse du Cycle de Vie de Dispositifs de Réemploi ou Réutilisation (B2C) d’emballages ménagers en verre (ADEME 2018) donne cette proportion pour les bouteilles, avec de nombreux détails (analyse de nombreux dispositifs et huit paramètres écologiques en détail), et ce Comparatif Empreinte CO2 Consigne vs autres emballages (NADA !, BeCircular 2021) établit un ratio similaire pour les bocaux, en comparant aussi le plastique PET, les sachets PP et les emballages en carton aux bocaux réutilisables. 

Nos quotidiens en vrac

Là où la vente en vrac se présente comme une solution plaisante et élégante pour réduire nos déchets, elle comporte encore quelques défis qui ne peuvent pas tous être résolus par la bonne volonté du consommateur. 

- D'abord, parce que nous sommes des êtres humains. Nous avons des journées bien remplies, et de nombreux autres soucis au quotidien. Il ne peut pas être attendu de tous les consommateurs de la planète, et surtout des plus précaires, travaillant beaucoup et cumulant différentes charges sociales, qu'ils préparent chaque jour un bocal ou un sac pour chacune des denrées alimentaires qu'ils vont acheter, sans jamais manquer de pot. 

- La féministe en moi s'insurge en outre de voir que c'est bien souvent la maîtresse de maison qui gratte les bocaux. J'adhère au constat dressé dans cet article (Novethic, 2022) : "Les tâches domestiques restent encore majoritairement réalisées par les femmes, et désormais cela comprend aussi les petits gestes en matière de protection de l’environnement. Cette inégalité persistante au sein du foyer les détourne aussi de la sphère politique." 

C'est pourquoi j'ai réfléchi à un modèle structurel organisé en amont par les commerces et les producteurs, afin d'alléger la charge mentale des consommateurs. 

Cela passe aussi par l'enjeu de standardisation de la consigne : un système clair et simple, uniforme, nécessitant peu de tri et de connaissance du marché. 

- Les épiceries vrac qui mettent des bocaux vides à disposition de leurs consommateurs voient leurs ventes augmenter, comme on l'observe dans ce Rapport d'activité du Rayon Bio (2021-2020)

- Les bocaux de réemploi conviennent souvent pour faciliter la vente en vrac, mais ils sont parfois inadaptés (format, volume, couvercles). 

- Les bocaux réutilisables en épicerie permettent de pré-emballer certaines denrées alimentaires pour en faciliter la vente, en particulier les produits visqueux. 

- Enfin, la vente en vrac n'élimine que la partie "consommateur" du déchet (56%, selon cette même étude). Pour les 44% restants, c'est-à-dire les déchets en amont entre producteur et revendeur, j'ai mis en place le projet B2Boîte

Des plats à emporter qui ne nous disent pas tout

Soucieux de réduire leurs déchets, de nombreux restaurants se tournent vers des contenants qui leur sont vendus comme plus écologiques. Cet article explique bien de quoi il en retourne : Plastique compostable, biodégradable ou encore biosourcé: (si) bons (que ça) pour la nature ? (RTBF, 2021). Ces contenants alimentaires, souvent vendus beaucoup plus chers qu'un monomatériau, finissent malgré tout incinérés

Gardons à l'esprit qu'un tiers de la population mondiale vit dans un état d'insécurité alimentaire (OMS, 2021) : nous avons vraiment mieux à faire des terres cultivables que les transformer en pots qui ne serviront que quelques minutes pour emballer un lunch. 

Alors, remplacer les contenants à usage unique par du verre ou du plastique ? Cette Analyse environnementale des Contenants Jetables et Réutilisables (Bruxelles Environnement, 2019) tire le portrait de différents matériaux. Il en ressort que le plastique et le verre réutilisable se tiennent dans un mouchoir de poche (avec des caractéristiques propres que vous devinez bien : le verre est plus lourd et casse parfois, le plastique est moins esthétique et s'abîme plus vite). Il en ressort aussi que le nombre de réemplois est crucial : en-dessous d'un certain seuil, le plat réutilisable pollue plus que certains plats jetables très légers s'ils sont recyclés. 

Je vous invite à lire sur cette page comment le modèle économique de l'Empoteuse favorise des boucles de réemploi denses et s'adapte à différentes structures commerciales

Un idéal de décroissance et de résilience locale

C'est ce qui a fait grincer les dents de mon banquier : je n'imagine pas augmenter mes ventes à l'infini. En fait, il m'arrive même très souvent de ne pas proposer mon service. Parfois, je propose celui de mes partenaires ; parfois, j'autonomise le client après quelques heures de consultance. Certaines boucles de réemploi fonctionnent bien en circuit fermé. 

Vous voulez adopter des contenants réutilisables et les nettoyer vous-mêmes ? Faites-le

Je vous accompagnerai, je vous conseillerai, je vous les vendrai peut-être, mais je ne vous demanderai pas des comptes à chaque fois que le contenant passe au lave-vaisselle. 

Ce qui compte, c'est qu'à la place d'avoir extrait du pétrole, prélevé du sable dans les océans ou coupé un arbre à l'autre bout de la planète, quelqu'un, quelque part en Belgique, prenne une éponge et une goutte de détergent biodégradable pour nettoyer un bocal. C'est aussi une manière pour nous de garder nos valeurs ajoutées en Belgique sans les délocaliser et les importer

"Mais alors", me demande M. Gripsou très soucieux, "Comment allez-vous augmenter votre chiffre d'affaires sur le long terme ?" 
- Eh bien... Pas ? Le jour où tous les aliments auront trouvé leur contenant réutilisable et leur boucle de réemploi, j'irai planter des oignons dans mon potager.